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Chant

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Festival

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Gallo

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Gallo

« Depuis sa création, la vocation du groupement est de redonner de la fierté aux gens du territoire des pays de Vilaine et de faire émerger le génie populaire. »

Fabienne Mabon

coordinatrice du GCBPV

MISSIONS

Une mémoire collective reconnue par tous

Avec « Mémoire en résidence », le GCBPV s’inscrit dans une approche immersive menée sur une commune durant seize à dix-huit mois : « Nous partons d’une mémoire collective connue de certains, méconnue des autres, et nous faisons en sorte qu’elle soit reconnue par tout le monde », explique Fabienne Mabon, coordinatrice de GCBPV. Témoignages, photographies, films… la restitution mise en œuvre est accompagnée d’une interprétation patrimoniale à dimension artistique. Celle-ci pose un autre regard sur ce qui fait mémoire : « C’est une manière de dépoussiérer la notion de patrimoine et de montrer qu’il peut être vivant ! ». Et Fabienne Mabon d’ajouter : « À termes, nous aimerions intervenir dans chacune des communes du Pays de Redon pour mettre en valeur l’identité forte de chacune et créer ainsi un circuit du patrimoine culturel immatériel ».

Par exemple, Saint-Jean-de-la-Poterie possédait un trésor oublié : le tour de main des ouvrières de la faïencerie de Saint-Jean-de-Bretagne. En son temps, il était aussi célèbre que celui des faïenceries de Quimper, révélé dans un aveu de 1420. Ce savoir-faire s’est transmis jusqu’en 1978, année de fermeture de la dernière fabrique. En 2010, l’équipe municipale souhaite relancer une dynamique autour de ce passé artisanal et industriel. Le Groupement culturel breton des pays de Vilaine est invité à participer au projet « Mémoires de Potières » : collecter et sauvegarder le patrimoine potier de Saint-Jean-La-Poterie, avec la volonté de le valoriser sur le territoire du Pays de Vilaine. Aujourd’hui, un sentier d’interprétation révèle aux promeneurs les lieux de vie et de travail des potières et décoratrices. Au cœur du bourg, Le Patiau, un centre d’art et d’histoire céramique regroupe un chantier d’insertion de décor sur faïence, une boutique vitrine de ce chantier, un espace d’exposition temporaire dédié à la céramique contemporaine, ainsi qu’une salle de valorisation de l’’histoire potière de la commune.

Ces projets d’interprétation, de médiation et de valorisation du patrimoine culturel fédèrent les forces vives d’un territoire et inscrivent sa reconnaissance dans un projet collectif. Par cette contribution au développement des schémas d’économie touristique, le centre ressources du GCBPV est devenu incontournable.
Cet outil d’accompagnement en termes d’animation et de transmission valorise savoir et savoir-faire par des animations, des expositions, mais aussi des publications, en partenariat avec Dastum par exemple pour des éditions sonores. « Nous avons aussi créé en 2004, la collection « Petit patrimoine rural », à la suite d’un travail d’inventaire du patrimoine bâti, réalisé par des bénévoles sur dix communes du Pays de Redon. Chaque commune avait ensuite son ouvrage avec une sélection d’éléments. Chaque foyer des communes concernées a reçu gratuitement un exemplaire publié, une façon de sensibiliser tous les habitants et pas seulement ceux qui sont intéressés par le sujet. ».

Si le centre ressources est un outil précieux pour sauvegarder et valoriser le répertoire des porteurs de tradition, l’école de musique traditionnelle permet quant à elle d’en assurer sa transmission.
Il s’agit d’un enseignement collectif, « à l’oreille » et itinérant sur une dizaine de communes, au sein de pôles d’enseignement définis par secteurs géographiques. Régulièrement, pour familiariser les participant.e.s à la dimension participative du répertoire traditionnel, un temps fort est organisé.
Que ce soit au travers de stages, de festoù-noz, de concerts, de veillées, de marches chantées… tout au long de l’année, la culture populaire s’exprime en pays de Redon entre tradition et création. L’apothéose se vit à la Bogue d’Or, festival qui a pris racine dans la tradition chantée et contée. « On dit que c’est Noël du Pays de Redon ! », affirme Fabienne Mabon.

Faire monter sur scène les porteurs de tradition est le premier défi lancé par l’association GCBPV, créée par Jean-Bernard Vighetti. Au cours des années 70, ce dernier, chargé de développer des actions de tourisme rural, est séduit par le charme du pays de Redon : la richesse d’un patrimoine oral que seul le cercle celtique a commencé de collecter, et un paysage rare, composé de marais et de bocages où les châtaigneraies sont nombreuses. Une richesse culturelle et naturelle dont les habitant.e.s n’ont alors pas conscience et qui peine à s’exprimer. « L’idée de Jean-Bernard Vighetti était de fédérer à la fois des personnes morales et physiques qui portaient un intérêt aussi bien à l’architecture, à l’archéologie ou l’ornithologie qu’à la musique, au chant ou à la danse. Il voulait redonner de la fierté aux gens du territoire, locuteurs du gallo », commente Fabienne Mabon. Plusieurs personnes dont Jean-Claude Bourgeon, Jean-Louis Latour, Albert Noblet et Albert Poulain rejoignent le mouvement.

À cette époque, emblématique des mouvements d’éducation populaire et d’une prise de conscience de l’urgence à sauvegarder une culture traditionnelle, la Bogue d’Or voit le jour pendant la Teillouse, une foire dédiée au marron, en déclin. Remettre les gens au chant est alors un pari risqué, mais la prise de conscience opère : il existe bel et bien une entité culturelle et naturelle dans un pays apparemment sans identité, aux confins des départements d’Ille-et-Vilaine, du Morbihan et de Loire-Atlantique ! « Albert Poulain racontait que Mme Prévert qu’il avait collectée lui disait : « Si tu n’étais pas venu, je n’aurais jamais su que j’étais aussi savante ! », explique Fabienne Mabon.

Quatre décennies plus tard, l’association GCBPV cultive l’équilibre entre expression traditionnelle et création, avec force concours de chant a capella et d’instruments, de contes et de menteries, avec des concerts, des festoù-noz et des déambulations …. « En 2008, la Bogue d’Or a pris une dimension nouvelle en s’installant dans le quartier du port. Nous avons développé d’autres facettes, autour de l’histoire maritime de Redon par exemple. Nous souhaitons aussi renforcer l’ouverture à l’International, même si elle a toujours existé au sein de l’association. Pour connaître et comprendre notre culture, il est important de la confronter avec d’autres cultures traditionnelles », insiste Fabienne Mabon.
Des liens particuliers ont par exemple été tissés avec la Louisiane. « Des lycéens redonnais ont appris à découvrir leur territoire avant d’aller en Louisiane pour le présenter à leurs hôtes ». Des échanges se poursuivent entre collectifs d’artistes. Plus original, une bière de maïs et de blé noir, La Bayoust, a été brassée en croisant les savoir-faire de deux brasseurs breton et de Louisiane et le nom des cours d’eau Bayou et Oust.
Un bel exemple de valorisation économique d’une tradition populaire qui sait se mettre en mouvement et en partage !

Christine Barbedet – avril 2016