Le patrimoine vivant hors-cadre : stratégies différenciées au regard de l’Unesco et de la Convention de 2003

Bretagne Culture Diversité s’associe au Centre français du patrimoine culturel immatériel dans le cadre de l’organisation de son 10e colloque international qui s’intéresse cette année au patrimoine culturel immatériel hors cadre. Rendez-vous le jeudi 30 novembre et le vendredi 1er décembre au Centre Jacques Duhamel à Vitré.

L’année 2023 signe les vingt ans de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (PCI) adoptée par l’Unesco. Cette convention a été ratifiée massivement en quelques décennies par plus de 180 États partie[1]. Pour autant, l’adhésion n’est pas unanime. Certains États ont décidé de ne pas faire partie des signataires. En contrepoint, certaines communautés ne peuvent pas intégrer ce dispositif en l’absence de statut étatique. Par ailleurs, au sein des États parties, les choix politiques liés à la question des communautés et des minorités influencent l’accès aux candidatures. Dans une perspective critique, ce colloque propose de réaliser un « pas de côté » en explorant les prises de positions, les stratégies et les enjeux hors des cadres de l’Unesco et/ou de la Convention de 2003.

Aussi variées soient-elles, les formes d’intérêt et d’engagement relatives à la sauvegarde du PCI se déploient également en dehors du cadre de la Convention. Au sein de certains États non signataires, la valorisation et la reconnaissance du patrimoine vivant suscitent l’engouement de diverses communautés. Pour quelles raisons certains États ont-ils décidé de ne pas faire partie des signataires de la Convention ? Est-il possible de dessiner des convergences et des divergences quant aux raisons de ces choix ? Le caractère normatif de la convention, ainsi que les « effets performatifs »[2] véhiculés par les représentations utopiques qui lui sont associées, participent-ils à influencer ces décisions ? Rarement développées, ces interrogations conduisent à analyser les usages et les enjeux politiques liés au PCI, dans la mesure où les communautés peuvent se montrer actives tout en se situant dans un État volontairement éloigné du cadre unescien. Quelles sont les actions menées par différentes communautés présentes au sein de ces États pour faire vivre leur patrimoine vivant sur la scène internationale ?

En contrepoint se pose également la question des communautés qui ne sont pas reconnues officiellement en tant qu’État et ne peuvent donc pas prendre part à la convention. Ce second niveau d’analyse invite à examiner la manière dont s’organisent les peuples sans État pour faire reconnaître, de manière conventionnelle, les formes de patrimoine vivant dont ils sont détenteurs.

Si le sujet des sans-voix et des sans-États est loin d’être nouveau[3], il reste toutefois peu considéré dans le domaine du patrimoine vivant. Bien que la dimension participative des détenteurs de patrimoine est fondamentale aux principes de la convention, c’est pourtant aux États parties qu’il appartient « d’identifier et de définir les différents éléments du patrimoine culturel immatériel présents sur son territoire, avec la participation des communautés, des groupes et des organisations non gouvernementales pertinentes »[4]. Mais qu’en est-il pour les communautés sans voix ou sans-État ? Comment et pourquoi certaines communautés cherchent-elles à opérer des stratégies au bénéfice des formes de PCI dont elles sont dépositaires ? Comment s’organisent les peuples sans État qui ne peuvent pas adhérer à l’Unesco pour faire reconnaître les pratiques, connaissances et savoir-faire dont ils sont détenteurs ? Pour les communautés ayant relativement peu accès aux outils de la convention, quelles sont les stratégies imaginées et déployées pour acquérir reconnaissance et visibilité ? Selon les contextes, la convention peut-elle être appréhendée comme un levier d’émancipation pour les communautés, jouant ainsi un rôle non négligeable au cœur de revendications identitaires ?

L’ensemble de ces aspects singuliers relatifs aux hors-cadres du PCI est au cœur du colloque organisé conjointement par l’ethnopôle Centre français du patrimoine culturel immatériel (CFPCI) et Bretagne Culture Diversité (BCD). Pendant ces deux journées, il s’agit d’explorer au travers d’exemples concrets les enjeux et les stratégies situés en dehors des cadres unesciens.

[1] « La Convention a été ratifiée à un rythme sans précédent : en novembre 2015, 163 États membres l’avaient ratifiée, soit plus des trois quarts des 195 États membres de l’UNESCO », Unesco, 2015, Kit de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
[2] Bortolotto Chiara, 2020, « ‘Let’s get together’ : fabriquer du patrimoine partagé, entre bureaucratisation de l’utopie et utopisation de la bureaucratie », L’espace géographique, tome 49 : 321.
[3] Arendt Hanna, 1972, Les Origines du totalitarisme. L’impérialisme, Seuil.
[4] UNESCO, 2020, Textes fondamentaux de la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

INSCRIPTION EN LIGNE

Informations pratiques

Colloque international de l’ethnopôle CFPCI
Avec le soutien de la direction générale des Patrimoines et de l’Architecture, du ministère de la Culture et de la Ville de Vitré, en collaboration avec les universités Rennes 2 et Bretagne Occidentale, en partenariat avec Bretagne Culture Diversité (BCD).

Jeudi 30 novembre et vendredi 1er décembre 2023
Centre culturel Jacques Duhamel (auditorium Mozart)
2 rue de Strasbourg 35500 Vitré

Entrée libre sur inscription, dans la limite des places disponibles

Un lien de connexion sera envoyé par courriel en amont du colloque aux participants en distanciel.

Renseignements complémentaires
Alice Fromonteil, chargée de mission patrimoine culturel immatériel
02 57 24 04 56 | mission.pci@maisondesculturesdumonde.org