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Danse

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Danse

« Notre rôle n’est pas de nous satisfaire de ce qui se fait aujourd’hui, fruit de ces dix dernières années, mais de savoir ce qu’on peut faire aujourd’hui, pour que notre culture dure demain et qu’elle reste vivante, contemporaine et partagée. »

Philippe Ramel

président du cercle celtique de Rennes

MISSIONS

« Dans la danse bretonne, ce geste symbolique de se prendre par la main, de s’empoigner dans le bon sens du terme est un geste culturel autant que social, celui du vivre ensemble, une façon de se reconnaître ». Une approche humaniste nourrie par quatre décennies passées au sein du Cercle celtique de Rennes que le président, Philippe Ramel, partage avec l’équipe de l’association.
« Auparavant, à l’occasion de ce que nous nommions nos prestations et en caricaturant, nous nous présentions au public en montrant que nous avions les plus beaux costumes, les plus belles danses et les plus belles musiques… Aujourd’hui, nous venons avec notre « barda », mais en posant la question : « Et vous, qu’avez-vous à nous montrer ? ». C’est désormais une rencontre partagée qui se joue, où celles et ceux qui nous ont invité.e.s deviennent acteur.rice.s ». Et d’ajouter : « Si nous voulons que les personnes rencontrées aient un intérêt pour ce nous portons, il faut a minima avoir la même démarche pour ce qu’elles portent ! ».

Une animation sur les crêpes peut ainsi devenir prétexte à échanger les pratiques : « Notre singularité, c’est le sarrasin, et ce que nous avons tous en commun, c’est que la crêpe est toujours ronde. Dans d’autres pays, on la fait avec du maïs, du riz… Un nem n’est-ce pas une crêpe fourrée ? », commente le président qui souligne le plaisir de chacun.e à partager les mille et une façons de préparer une crêpe.
Autre exemple : à l’occasion de la semaine des langues bretonnes, « Sizhunvezh ar Brezhoneg – La Semaine du Breton » ou « La Smenn du Galo – La Semaine du Gallo », le cercle celtique propose un temps d’animation original dans les écoles : « Nous réunissons une quarantaine de porteurs de langues différentes pour former des duos avec un porteur de langue bretonne ou gallèse. Si nous souhaitons faire connaître les langues bretonnes, il nous faut aussi reconnaître la langue des autres acteurs de notre territoire ».

Cette prise de conscience s’est amorcée au cours des années 2000, avec le lancement de la semaine culturelle, Sevenadur. « Avec un grand nombre d’ateliers au sein du cercle celtique où les gens ne se connaissaient pas, nous avions décidé de suspendre nos activités pendant une semaine. Nous voulions permettre aux adhérents de se rencontrer, pour qu’un accordéoniste par exemple puisse faire un point de broderie ou qu’un brodeur puisse faire de l’accordéon… », commente le président. À cette occasion, le cercle celtique invite d’autres associations pour présenter différents aspects de la culture bretonne et gallèse.
De cette volonté interne de favoriser la transversalité dans les activités du cercle celtique est née la semaine culturelle de Sevenadur, au départ avec une balade chantée et le forum des cultures à la halle Martenot. C’est aujourd’hui un partenariat avec une trentaine d’associations, vitrine en matière d’échanges culturels nourris par la culture bretonne.

« La culture bretonne de demain est celle que l’on construit aujourd’hui et le dialogue interculturel est devenu central. Nous devons porter la culture bretonne dans les actions du quartier en valorisant les savoirs et savoir-faire de celles et ceux qui habitent le quartier. On ne peut plus réfléchir de manière isolée quand on parle de culture bretonne qui, en tout temps, a su s’imprégner d’autres cultures. Nous pouvons amener notre expérience culturelle dans le cadre de la diversité culturelle. »
Une démarche fortement imprégnée de la notion de PCI et aujourd’hui des « droits culturels », tels que stipulés dans la loi Notre. « Il faut que nous, responsables culturels, nous apprivoisions cette notion pour en faire notre matière ».

Au travers de cette question de patrimoine culturel immatériel se pose la question de la transmission : « Comment faire que les enfant qui naissent en Bretagne, aujourd’hui, se sentent de Bretagne et s’y sentent bien dans vingt ans … ». Et le président d’ajouter : « Quel outil avons-nous vocation à mettre en place pour transmettre notre patrimoine, à savoir le connaître, l’entendre et que chacun s’y retrouve ? ».
Si une réflexion est engagée pour l’ouverture à Rennes d’un nouveau lieu pour une culture bretonne partagée, les réflexions menées en direction de la jeunesse ont débuté au milieu des années 2000, avec l’arrivée d’une première salariée à la coordination, suivie de l’ouverture d’un poste d’animation-médiation. Les actions de valorisation en direction d’un jeune public sont un axe fort pour le cercle celtique. Ce sont des animations menées en ateliers périscolaires sur le temps de midi ou le soir, dans une quinzaine d’écoles. Ce sont les ateliers de découverte menés dans les lycées et les collèges ou l’inscription dans les projets d’école. Citons encore les journées culturelles organisées dans le cadre de Yaouankiz, l’atelier hebdomadaire Kiffe ta Breizh. Citons aussi le camp d’été en breton, en direction des jeunes bretonnant.e.s de 12-16 ans, pour les sensibiliser à la culture gallèse.

Autre volet de sensibilisation à la culture bretonne, le Fest’n Breizh, un fest-noz annuel organisé pour un public d’étudiants par des étudiants. Un partenariat mené avec l’IUT Carrières sociales, né d’une rencontre, il y a près d’une décennie. « C’est une jeune étudiante qui souhaitait faire connaître la culture bretonne, alors qu’elle-même ne la connaissait pas, qui nous a proposé de faire son stage chez nous. Nous lui avons donné carte blanche. Nous avons vu des jeunes que nous n’aurions jamais rencontrés autrement ». Le projet perdure avec une originalité : chaque stagiaire organise sa relève pour l’édition suivante. Une autre forme de transmission…
C’est un droit à l’expérimentation que revendique le président. Citons la création d’Astour, « une compagnie d’art populaire en pays de Rennes ». Le cercle celtique, adhérent à la confédération Kendal’ch, participe aux concours organisés par cette dernière. La même trentaine de danseur.se.s et musicien.ne.s intervient au sein de la compagnie, dans une forme plus libre. « Avec Astour, nous proposons une version cabaret où les gens viennent, comme dans un bistrot avec une ambiance patrimoniale… Nous portons les mêmes tenues que les invité.e.s… et nos costumes traditionnels sont portés par des mannequins, une façon de montrer que nous vivons « astour », à c’t’heure, au temps présent… »
Et Philippe Ramel de conclure : « On arrive à une croisée des chemins. La culture bretonne aujourd’hui n’est pas réservée qu’à des gens qui portent un « c’h » dans leur nom… La culture bretonne aujourd’hui, c’est la vôtre, la nôtre, celle qu’on construit ensemble ! ».

Christine Barbedet – avril 2016